Il y a environ 12 mois, Aeroflot a annulé une commande de 22 Boeing 787-8 et -9 Dreamliner d’une valeur d’environ 5,5 milliards de dollars. En soi, cela n’a rien de surprenant, il arrive que les compagnies annulent leur commande. Ce qui fait que cette annulation était inhabituelle, c’est que cette commande a traîné sur quasiment cinq ans. Aeroflot a d’abord annoncé l’annulation de la commande en 2015. Mais la compagnie a mis cinq ans a vraiment passer à l’acte.

Une longue saga interminable
Le point de départ de la saga est une commande faite à Boeing en 2007. Aeroflot comptait sur les avions pour améliorer sa flotte de gros-porteurs existante, ainsi pour grossir sa flotte et ainsi anticiper l’augmentation de la demande de services aériens.
“Le 787 est l’avion qui correspond le mieux à nos besoins grâce à son efficacité, sa performance opérationnel et son confort passager. Le 787 nous ouvrira de nouvelles possibilités de marché à un moment où nous moderniserons notre flotte et développons notre rayonnement internationnal,” explique Valery Okulov, à l’époque directeur général d’Aeroflot.
Lors de la commande initiale, les 787 devaient arriver à Moscou en 2017. À l’époque, Aeroflot était aussi en négociation avec Airbus. Des spéculations disaient qu’Aeroflot essayait de monter Boeing contre Airbus. Aeroflot a signé dans la foulée un mémorandum d’entente avec Airbus pour prendre 22 A350XWB la même année.

En 2015, Aeroflot annule la commande de Boeing lors du Salon du Bourget. Au fil des années, Aeroflot aurait tenté plusieurs fois de revoir les modalités et d’apporter des modifications à l’accord original avec Boeing.
“Nous avons exercé notre droit de résilier le contrat portant sur les 787,” explique Giorgio Callegari, directeur adjoint des stratégies et alliances d’Aeroflot à FlightGlobal. M. Callegari attribue cette décision à :
“La viabilité du développement de la flotte, la viabilité en terme de mélange adéquat d’avions à fuselage large et d’avions à fuselage étroit, et le développement du réseau”.
Des magouilles lorsqu’Aeroflot cède sa commande de 787 à une société de leasing appartenant à l’État
À partir de là, les choses sont devenue légèrement plus compliquées. Il semblerait que la commande n’ait pas été annulée à proprement parler. En fait, Aeroflot a cédé ses droits d’achats sur les avions à Avia Capital Services, une filiale de Rostec, elle-même une entreprise d’État. Ils s’occupent de leasing, de financement, d’organisation des acquisition et de vente d’avions civils et d’équipement. Aeroflot a tissé des liens importants avec Rostec et ses filiales.
Boeing a rencontré problèmes lors la production de ses Dreamliners, ce qui a causé des retards. Mais il semblerait que ce problème soit passé des mains d’Aeroflot à celles de Rostec. Parmi les magouilles, les dates de livraison des Dreamliner a été repoussée à 2020 au moins. Il y a aussi eu une demande adressée à Boeing pour qu’ils remboursent le prépaiement d’Aeroflot.

Le bailleur et Aeroflot avaient-t-ils signé un contrat ?
On signale qu’il n’y aurait jamais eu d’engagement contractuel en 2015 entre Aeroflot et Rostec au sujet des Dreamliners. On signale aussi qu’en l’absence d’un contrat signé d’ici le 1er janvier 2017, Aeroflot pouvait annuler le contrat de location.
Pendant ce temps, Aeroflot continuait à négocier l’accord avec Airbus et à le modifier. Sa commande initiale de 22 A350XWB a continué à croître.
L’année dernière, Aeroflot s’est enfin retirée de son accord concernant les Boeing 787-9, à la suite de quoi Avia Capital Services a annulé la commande. Officiellement, ce n’était plus à Aeroflot d’annuler, mais ça n’a pas pas empêché les rumeurs de relier l’annulation à la compagnie. Avec les Dreamliners qui tombent aux oubliettes, Aeroflot a misé ses futurs vols long-courrier sur Airbus et l’A350.